
Dans le domaine de l’enseignement des langues, les questionnements et les peurs liés à l’intelligence artificielle (IA) sont tangibles. Les enseignants se sentent souvent menacés par l’avènement de cette technologie, craignant d’être remplacés ou de devenir obsolètes dans un environnement de plus en plus numérique. Le manque de familiarité et de connaissance sur la manière d’utiliser efficacement l’IA et la réalité virtuelle (RV) pour améliorer le processus d’enseignement-apprentissage des langues peut intensifier ces sentiments d’insécurité. Cependant, explorer comment ces outils peuvent être des alliés précieux dans l’éducation linguistique est essentiel pour dissiper ces craintes et maximiser le potentiel d’apprentissage des élèves. Dans l’article suivant, on observe comment l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle peuvent être intégrées de manière bénéfique dans l’enseignement des langues, offrant de nouvelles opportunités et approches aux éducateurs et aux étudiants.
Introduction par Raíssa Assine
L’ÉCRITURE CRÉATIVE EN CLASSE
L ’intelligence artificielle (IA) n’est bien sûr pas nouvelle. Elle fait déjà partie du paysage quotidien depuis quelques années. Les exemples ne manquent pas: orientation à l’aide du GPS (Waze) ou clavier prédictif des applications de messagerie. Et c’est aussi une réalité dans les classes où les correcteurs automatiques de texte (Antidote, LanguageTool) sont devenus des outils courants pour les apprenants comme pour les enseignants. Mais avec les changements actuels, continuera-t-on à vouloir prendre des cours de langue? Pourquoi apprendre le français si une IA peut faire parler n’importe qui à la perfection et dans n’importe quelle autre langue, comme le promet l’application HeyGen?. Cette capacité à fabriquer des polyglottes qui n’en sont pas peut en inquiéter plus d’un. Rassurons-nous, les cours ne disparaissent pas. Cependant, enseignants et concepteurs de ressources pédagogiques s’adaptent et commencent à intégrer ces On voit ainsi apparaître dans les manuels nouveaux outils.
des activités qui font appel aux assistants virtuels de notre quotidien que sont Alexa, Siri ou Assistant Google pour que l’apprenant vérifie des informations – ce qui lui permet de travailler à la fois la production orale puis la réception. Certains établissements du réseau AF/IF utilisent le chatbot développé par French Lab. Celui-ci propose sur Messenger une variété d’activités et d’exercices pour aider les apprenants à améliorer leur vocabulaire, leur grammaire, leur prononciation ainsi que leur compréhension orale et écrite. Un peu partout dans le monde, nous voyons aussi des universités, des Instituts français ou des Alliances françaises se doter de plateformes d’apprentissage en ligne pour leurs cours ou pour s’entraîner aux examens de type TCF ou DELF-DALF Aujourd’hui, les assistants virtuels de nouvelle génération comme ChatGPT ou son concurrent Bard (en phase expérimentale et développée par Google) vont encore plus loin. En effet, il s’agit d’IA « génératives » appelées aussi transformers, conçues pour générer du texte, traduire des langues, écrire différents types de contenu créatif et répondre à des questions de manière informative.
Ces transformers peuvent répondre de manière vraisemblable et réfléchie aux questions (ou prompts) qu’on leur pose, même ouvertes. Ils sont capables de générer en à peine quelques secondes des outputs, c’est-à-dire des textes créatifs et complexes (des récits, des poèmes, des chansons…) ou encore d’organiser ou créer des classements, des fiches, des questionnaires…
Les auteurs

Philippe Liria est auteur, formateur, consultant et éditeur de FLE. Délégué pédagogique, il est le coauteur chez CLE International de La Classe inversée et de Pratique/ Révision.

Jugurta Bentifraouine est ingénieur pédagogique, chef de projets FOAD à France Éducation international, et coauteur chez CLE International des méthodes ABC Delf A1 et A2 et de Pratique/Révision.